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L’ouverture est perçue comme un danger par les acteurs publics, à tort ou à raison
Certains cadres et agents des administrations publiques perçoivent l’ouverture comme un danger: risques pour la sécurité des systèmes d’information, méfiance sur la réutilisation lucrative des données ouvertes, privatisation de la valeur ajoutée. D’autres craignent que les données soient utilisées contre l’administration: mise au jour de l’imperfection de l’action publique, interprétation fallacieuse voire néfaste des données. Enfin, la vision des données et codes sources comme un patrimoine susceptible d’être dévalorisé par l’ouverture est encore présente, notamment pour certains chercheurs.
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27 commentaires
Conversation avec Olivier Ricou
perçu à tort à mon avis de chercheur qui utilise pleinement les ressources libres, y compris créées par d'autres pays et par des entreprises, et qui ouvre ses résultats. Lorsque tout est ouvert on est nettement plus efficace. Je doute que l'IA aurait avancé si vite si les bases étaient restées fermée. Dans la recherche on publie depuis toujours et je ne connais pas de chercheur qui pensent dévaloriser leurs travaux en faisant ainsi, même si d'autres s'en servent. Que chacun garde pour soi ses résultats et il n'y a plus de recherche.
Concernant l'administration si les données montrent une imperfection, c'est parfait, cela donne l'occasion de la corriger. Quand aux interprétations fallacieuses c'est toujours le cas dès qu'on ouvre la bouche. Là encore on ne va pas rester enfermé pour autant, c'est utile de communiquer.
Enfin l'utilisation lucrative de données publiques permet de créer des emplois et de récupérer des impôts. C'est bien et cela n'interdit pas d'autres usages.
Les données utilisées par, E.g. Facebook, Amazon, etc., afin d'entrainer leurs IAs sont-elles ouvertes ? La Chine met-elle à disposition de tous les milliards d'observations dont elle dispose ?
Certes, les codes sont accessibles, mais les données d'entrainement (?) Il s'agit là d'un point déterminant selon l'objectif visé par la mission, il me semble....
Pour certaines données publiques les "gros" acteurs non aucun problème pour y accéder, il font de "gros" chèques, ce qui n'est pas toujours à la portée de nos TPE et PME.
Par exemple, il me semble que Google est ou a été le plus gros client de l'IGN pendant que nos TPE et PME galéraient pour avoir accès à des orthophotographies de leur territoire.
L'ouverture des données est perçue comme un danger aussi par manque de culture. Une phase de pédagogie est nécessaire. Ceci étant dit, les données ouvertes seront réutilisées par … ceux qui sont à l'aise avec les grands jeux de données. Il faut donc favoriser une monté en compétance des différents acteurs nationaux afin de leur permettre de mieux expoiter et réexploiter les données disponibles.
Conversation avec blouin
Certains acteurs publics ont une appréciation neutre du phénomène OPENDATA sauf si la gratuité des données contribue au déséquilibre budgétaire de l'organisme et à une baisse de qualité des missions.
Juste un rappel: l'impact budgétaire de la gratuité des données ne touche plus que 3 opérateurs qui sont l'IGN, Météo France et le SHOM.
Toute autre donnée publique vendue aujourd'hui, l'est illégalement depuis la Loi Valter de 2015.
Un processus d'acculturation à la donnée est nécessaire au sein des administrations. Ces dernières sont trop souvent en décalage avec la réalité. Pour certaines administrations, opendata est synonyme de GAFAM. Ces administrations sont pour la plupart inaptes dans le traitement de leurs propres données ; et les énormes volumétries ajoutent de la complexité...
Conversation avec Cyrille Giquello
La société civile n'a pas attendu l'ouverture des données pour porter des critiques sur le fonctionnement ou les livrables de l'administration, ce n'est donc pas un argument.
Je vois plutôt une belle occasion pour la société civile de pouvoir contribuer à l'amélioration des données publiques. Ce ne peut pas toujours être possible, mais des projets ont déjà fait leur preuve comme Base adresse, Défébrilateurs, NosDeputes.fr, ...
Je pense qu'il est important d'encourager les citoyennes et les citoyens à participer, notamment en faisant remonter les erreurs détectées (via un bouton prévu sur la plateforme, un appel téléphonique, etc.) : le public doit pouvoir se ré-approprier la donnée publique, que ce soit en l'utilisant ou en participant à sa collecte et sa vérification.
Depuis 2010 il y a eu de nombreux rapports internes et externes qui ont démontré l'efficience de l'ouverture des données publiques, avec comme premier gagnant l'administration elle-même ! Moins de procédures pour accéder à telle donnée, moins de doublon dans la production de mêmes données, connaissance de l’existence de données souhaitées.
L'industrie du "code" n'est pas comme l'industrie manufacturière, il n'y a presque que le coût de l'investissement de départ ensuite c'est (presque) que du bénéfice. Nos collectivités (nos impôts donc) financent chacune des logiciels différents pour remplir les mêmes besoins. C'est (c'était) très bien pour partager l'économie entre des acteurs, tant qu'il n'y a pas un géant qui s'accapare le marché en investissant 1 fois pour une rentabilité rapide et pour (très) longtemps.
La publication et le maintien collaboratif de solutions logicielles libres semble être la réponse à cet accaparement des marchés par les géants de la tech. Cette politique d'ouverture du "code" permet de repartager l'économie grâce aux services associés.
ex: le passage à la suite bureautique OpenOffice/LibreOffice de certaines administrations à très fortement contribué à l'amélioration du logiciel et à fournir du travail à plusieurs entreprises.
Conversation avec Thomas F
En France les audits en entreprise sont perçus comme des couperets et des remises en cause de la qualité de l'effort fourni. On critique mais sans rien proposer en retour.
Le fait de publier des données, fait craindre qu'elles soient analysées à des fins de performance et donc de critique du système actuel et de la qualité (et de l'envie) des fonctionnaires.
Il y a certainement un gros travail à faire sur ce coté pour montrer que ca peut apporter.
La publication des données devrait également être accompagnée d'analyses ou de guide à destination du public pour expliquer le sens des données et ce qu'elles représentent
La crainte est peut-être légitime quand on observe la gestion en flux tendu de certains services publics (je pense notamment aux hôpitaux), ou la volonté excessive d'optimisation du personnel (réduction, zone géographique trop étendue, salle de cours surfréquentée...).
Tout à fait. La décision d'ouvrir les données d'une administration doit être précédée d'une réflexion sur le meilleur service/la meilleure équipe pour le faire, avec un octroi de moyens supplémentaires (notamment humains, avec les bons outils et les bonnes compétences). Tant que cela ne sera pas le cas, il sera difficile de faire croire qu'ouvrir les données est une priorité.
Oups réponse au mauvais commentaire, cf. ci-dessous.
alors que au contraire l'ouverture des données est un moyen de mettre en lumière tout le travail fourni par les agent-es des administrations pour produire cette donnée.
Par ailleurs, partir du principe que la donnée produite serait de mauvaise qualité et que ça va se voir devrait interroger sur la qualité du travail fourni en interne : on produit une donnée pour exercer sa mission de service public, si on l'exerce avec une donnée pourrie on a un problème qui n'a rien à voir avec l'open data ;-) Et donc normalement on produit une donnée de qualité. CQFD ;-)
En revanche les usages des données ouvertes peuvent mettre en lumière des manques (données non recueillies car pas utiles pour la mission mais que vu de l'extérieur il serait utile d'avoir)... Ce qui peut être intéressant comme compliqué à gérer.
Il y a une confusion dans l'esprit de nombre d'agents entre l'ouverture et la publicité des données individuelles d'une part, et une absence de perception de la valeur économique de la donnée. Le rapport qu'avait produit le député Eric Bothorel au début de son mandat sur ces questions au niveau Européen avait bien mis en lumière cette valeur économique, que le grand public commence à percevoir avec l'exemple des GAFA (et le célèbre mantra: "si c'est gratuit, c'est que vous êtes le produit"), sans pour autant faire le lien avec la création de valeur que sous-tend une ouverture. Il y aurait même matière à en faire un nouveau constat !
Il paraît juste et sain que les données créées et financées par des fonds publics soient à disposition de tous, exceptées bien sûr celles qui pourraient mettre la France en danger. La décision de mettre des données à disposition devrait donc reposer sur une décision de l’État en fonction de son impact sur sa sécurité. Les critères d'exploitation ou non par des sociétés privées, de valorisation de ces données, ne semblent par pertinents dès lors que tout le monde a accès à ces données. Reste la question de l’organisation de cette appréciation qui me semble le vrai débat à poser.
Conversation avec Patrick Gendre
Il faut prendre ces réticences au sérieux, la plupart sont légitimes même si bien sûr il y a aussi de la rétention et des mauvaises volontés. Ce que j'ai pu constater j'imagine comme beaucoup, c'est qu'au niveau de la "base", publier des données (du code, des documents) correctement ça prend du temps et ça n'est pas prioritaire dans les missions des agents, et ça n'est pas non plus valorisant sauf exception.
Oui, il ne faut pas que ça devienne une charge supplémentaire incompatible avec les durées de travail (je pense notamment aux agents France Service) ! Aussi, certains délais imposés peuvent paraître trop courts et conduisent à des épuisements professionnels.
Tout à fait. La décision d'ouvrir les données d'une administration doit être précédée d'une réflexion sur le meilleur service/la meilleure équipe pour le faire, avec un octroi de moyens supplémentaires (notamment humains, avec les bons outils et les bonnes compétences). Tant que cela ne sera pas le cas, il sera difficile de faire croire qu'ouvrir les données est une priorité.
Health Knowledge Hub : OUI, Health Data Hub : NON
Les données numériques de santé ne peuvent être partagées que dans le cadre du soin (dans la relation entre les soignants et les patients) et dans le cadre de la recherche (dans le cadre d'un protocole de recherche précisé et validé par un comité d'éthique). La divulgation tout à tous des données personnelles de santé conduira à une perte de confiance des patients et à une détérioration de la relation de soin. Toutefois, dans le cadre de recherche :les connaissances élaborées, les publications, les cas cliniques anonymes peuvent être mises à disposition des acteurs qui désirent construire des applications, des plateformes et même monter des collaborations pour diffuser de la connaissances dans le cadre d'un health knowledge Hub. Par contre je suis contre l'idée d'un Health Data Hub qui consiste à diffuser des données personnelles de piètre qualité, hors du contexte clinique. Cela ouvre une brèche dangereuse dans la relation de soin.
Tout en conservant l'engagement sur la qualité de la donnée et la responsabilité en cas d'erreur, les collectivités ne maîtrisent pas les usages et les valorisations qui pourraient être faites de ces données par tout à chacun. Cette crainte apparaît comme un frein culturel important.
De ce constat se dégagent à mon avis trois craintes majeures qu'il est nécessaire de prendre au sérieux :
- La monétisation des données publique: Une double licence avec d'une part une licence ouverte contaminante et d'autre part une licence payante pour usage commercial semble être adaptée à cette problématique
- L'usage néfaste des données: Que ça soit lié a un problème structurel ou sociétal, cacher les données n'arrange pas les choses alors qu'au contraire les présenter et les expliquer permet de faire avancer les problèmes.
- risques pour la sécurité des SI: Ce problème est bien réel, mais ne nécessite pas d'être traité rapidement puisque les données à risques sont principalement les données d'architecture, de configuration d'équipement de sécurité, etc. Ces données ne sont pas les premières a devoir être ouverte comparé au code sources des services qui une fois ouvert peuvent bénéficier de campagne annuelle de recherche de bug ainsi que de contribution citoyenne.
L’ouverture et la réutilisation des données peut représenter à la fois une opportunité et un danger. Il est certain que l’ouverture de certaines questions peuvent questionner la souveraineté de la France, d’autant que d’autres grands Etats, ne prévoient pas une ouverture aussi large des données. Une des questions qui se pose aussi est de savoir à qui va vraiment bénéficier l’ouverture des données ? A de très grands acteurs ? Ou à des starts-up européennes qui vont pouvoir se développer ?
Enfin, les réticences à ouvrir les données pourraient également être levées, s’il y avait plus de partage des données, ce qui est d’ailleurs la base de l’open data. Les données enrichies devraient revenir à leurs producteurs qu’ils soient collectivités ou entreprises et créerait ainsi un cercle vertueux de prospérité pour tous. C’est clairement un point qui devrait être plus soulevé et permis dans les licences.
Il faudrait illustrer le potentiel de la donnée au service de l’intérêt général et redonner au secteur privé ses lettres de noblesse en tant qu’entrepreneur et acteur de l’innovation en illustrant engagement au service de l’intérêt générale.
L'ouverture des données permet de structurer des filières économiques, elles ont un pouvoir de transformation des organisations.
Il faudrait illustrer le potentiel de la donnée au service de l’intérêt général et redonner au secteur privé ses lettres de noblesse en tant qu’entrepreneur et acteur de l’innovation en illustrant engagement au service de l’intérêt générale.
L'ouverture des données permet de structurer des filières économiques, elles ont un pouvoir de transformation des organisations.
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